lundi 9 juillet 2007

Je blogue pour la culture de l’information

Le 1er juiller dernier, plusieurs blogueurs ont blogué pour la liberté d’expression. J’aurais blogué volontiers pour la liberté d’expression, mais nos problèmes dans ce domaine sont malheureusement plus graves. Il ne s’agit pas seulement pour nous de ne pas pouvoir parler de tout sans encourir des risques pour le moins disproportionnés, nous souffrons d’un problème plus global de «rétention de l’information». Au delà de ne pas pouvoir nous exprimer à la limite des sentiers battus, il ne nous est simplement pas possible de nous exprimer tout court. Car, afin de s’exprimer, il faut avoir de la matière de quoi s’exprimer.

Exemple au hasard : quel est notre taux de chômage ? Comment est-il calculé ? En France par exemple, les chiffres sont fondés sur le nombre des demandeurs d’emploi à l’ANPE. Mais chez nous, comment sont-ils calculés ? la grande majorité des chômeurs que je connais n’ont jamais mis les pieds dans un bureau de travail. Ce n’est qu’un exemple, car quid des accords internationaux que nous avons passés ? quid de notre dette ? etc. Cela va plus loin encore: comment expliquer qu’on ne nous informe pas quand un bus a du retard ? Comment expliquer qu’on ne nous informe même pas des horaires de passage, ou alors avec une feuille d’allure peu respectable et non mise à jour ? Je pourrais enchaîner avec des exemples à l’infini, et dans différents domaines, afin de démontrer que nous souffrons d’une inculture informationnelle globale.

La culture de l’information est plus générale et conditionne la liberté d’expression. Il s’agit en réalité de la moelle épinière de l’expression d’une société. A quoi nous servirait la liberté d’expression si on ne nous informe pas ? Nous ne pouvons construire un raisonnement logique qu’en présence d’informations sur le sujet traité. Et nous ne pouvons débattre d’un sujet que si nous consentons mutuellement sur la véracité des informations qui lui sont relatives. Notre information est prisonnière dans les rouages de la bureaucratie, dans les bureaux de nos journalistes et surtout dans nos têtes. La culture du secret, la culture de la rumeur, sont ancrées bien profondément en nous.

On récrimine souvent la liberté d’expression par le fait qu’elle est souvent source de diffamation, de désinformation et de contre-vérités. Mais quel est le moteur de la désinformation ? Pourquoi est-ce que certaines sources pratiquant la désinformation, la diffamation et proférant des contre-vérités ont-elles du succès ? C’est l’opacité informationnelle qui favorise ces écarts. Quand on n’a pas une information, c’est qu’on nous la cache, et si on nous la cache, c’est qu’il y a des vérités inavouables derrière. C’est peut-être le cas parfois, mais très souvent, ce n’est pas le cas. Avoir une culture forte de l’information est un garant du bon usage de la liberté d’expression et un booster de la qualité des échanges et des débats.

1 commentaire:

samsoum a dit…

L'une ne va pas sans l'autre. C'est evident.